Introduction

Il y a 150 000 ans, un site paléontologique

       Après un tir de mines, dans une carrière en exploitation à Romain-La-Roche, dans le département du Doubs, une équipe d' archéologues découvre en mai 1980 un site paléontologique et préhistorique d' âge quaternaire.
      Ce site est unique en France et en Europe par la diversité des animaux découverts et la quantité des ossements. Plus de 25 000 os d'une fossilisation et d'une conservation exceptionnelles ont été exhumés lors des différentes campagnes de fouilles.

      L'aven de Romain-La-Roche est situé sur le territoire de la commune du même nom, dans le département du Doubs à 40 km au nord-est de Besançon, à une altitude de 410 m. Situé dans une carrière en activité, il a été mis au jour par des tirs de mines. Sans l'exploitation de la carrière, le site, entièrement comblé par des dépôts, n'aurait peut-être jamais été découvert. Le cours d' eau souterrain qui l'a formé l'a abandonné. Mais cet aven communique peut-être avec une série de gouffres ou de galeries qui ont été repérés dans cette carrière.

      Le site de Romain-La-Roche se présente comme une imposante fissure de sept mètres de largeur moyenne sur 18 mètres de longueur connue actuellement, s'ouvrant dans un encaissant calcaire du jurassique moyen. Ce remplissage d'aven a été repéré sur 11 mètres de hauteur. Situé dans une carrière en activité, il a été détruit par des tirs de mines dans sa partie nord sur une dizaine de mètres.
      L'aven de Romain-La-Roche a livré de 1980 à 1992, une faune abondante de grands mammifères, de micromammifères (rongeurs, insectivores) et plusieurs espèces d'oiseaux.
      Des datations Uranium/Thorium sur ossements ont permis de dater le site à -150 000 ans +/- 18 000, soit à la troisième glaciation du Riss (Saalien), stade de la Warthe. Des silex taillés par l'homme de Néandertal mettent bien en évidence une occupation humaine. Cette dernière est confirmée par des traces de foyers non structurés dans certaines couches. D'autres niveaux témoignent de simples passages de chasseurs venus s'approvisionner en viande dans ce garde-manger naturel.

      La grande faune diversifiée est composée principalement de mammouths, de rhinocéros, de carnivores représentés par quatre genres (ours, loups, renards, lions) des équidés (chevaux), des bovidés (boeufs, bisons) et des cervidés (cerfs, mégacéros, rennes, chevreuils).

      Depuis 1980, année de la découverte, plus de 25 000 ossements appartenant à ces différents groupes ont été exhumés. Les os, souvent en connexion anatomiques sont en état de conservation satisfaisante comme en témoigne, entre autres, le squelette complet d'un rhinocéros ou encore les crânes et les restes osseux de trois lions exhumés sur le site et considérés comme uniques en Europe.
      L'aven de Romain-La-Roche a non seulement servi de piège naturel pour les grands mammifères à la démarche lente et difficile et d'abri à l'homme de Néandertal, homme au squelette très robuste, au crâne volumineux, long, large et bas mais aussi de tanière pour les carnivores tels que les lions et les ours.

      Bien que la fouille ne soit pas terminée et que les travaux de détermination et d'étude de tous ordres soient en cours, Romain-La-Roche s'inscrit dans un ensemble de gisements relativement fournis et constitue l'un des sites paléontologiques et préhistoriques majeurs de France et d'Europe.

Le président.