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Les Mammouths

 
 
 
Schéma

Les restes des mammouths sont présents dans les couches VI-VIIb, VI-VIIc et VIIIa.

 
Superordre proboscidiens, Proboscidea
Sous-ordre Elephantoidea
Famille Elephantidae
Genre Mammuthus
Espèces Mammuthus intermedius
Mammuthus primigenius

      Les proboscidiens sont actuellement représentés par les éléphants.
      Les éléphants actuels ont un crâne constitué d'os épais mais pneumatisés, qui est donc allégé. Les intermaxillaires sont allongés et limitent avec les os nasaux, une vaste ouverture nasale bien éloignée de la bouche, ce qui indique l'existence d'une trompe. La mandibule est courte et haute, elle est munie d'une pointe en avant de la symphyse. Le cou est raccourci. Les membres sont très longs, en colonne, et sont adaptés à supporter un poids très élevé, terminés par cinq doigts englobés dans un coussin élastique dont seuls les ongles dépassent. C'est un type digitiplantigrade ou subplantigrade.
      Le segment proximal des membres est très allongé. Cubitus et péroné sont bien développés et indépendants.
      Les éléments du carpe et du tarse s'alignent en séries verticales, elles mêmes dans l'alignement des métapodes. Cette disposition est dite sériée.

      La paire d'incisives supérieures est transformée en défense, qui sont dépouvues d'émail et à croissance continue. Le poids d'une défense adulte, qui est une Di3, peut dépasser 100 kg. Les dents jugales dérivent du type bunodonte à quatre tubercules avec des éléments transversaux qui s'ajoutent en arrière. Il y a six jugales successives par quart de mâchoire, avec une seule en service et au maximum deux lorsqu'un remplacement dentaire est en cours. La M3 apparaît vers 25-30 ans et met 40 à 50 ans pour s'user, après quoi l'éléphant meurt de faim. Il y a donc limitation intrinsèque de la durée de vie des individus. Le remplacement dentaire est horizontal.

      Nous nous intéresserons ici qu'aux deux espèces qui vivaient aux alentours de 150 000 ans dans notre région et dont on a retrouvé des restes à Romain la Roche. Le lecteur est prié de se reporter au tableau ci-contre pour toutes les genres qui ont vécu au quaternaire.

Défense de mammouth

Les fouilleurs dégageant une défense de 3,40m de long. Une défense est une incisive à croissance continue constituée de cônes d' ivoire emboités les uns dans les autres.


Mammuthus intermedius
      Il est souvent confondu avec Mammuthus trogontherii, le plus grand éléphant des steppes. Il est toutefois plus petit et ses défenses ont une courbure plus accentuée. Apparu après Mammuthus trogontherii, il est l'ancêtre direct du mammouth vrai (Jourdan, 1861).

Mammuthus primigenius
      Défini par Blumenbach en 1799, c'est la dernière espèce de la lignée et la plus évoluée. Il apparaît vers 300 000 ans lors de la troisième glaciation du Riss (Saalien) et disparaît à la fin de la dernière au Würm (Weischelien), il y a 12 000 ans environ. Il est présent dans toute l'Europe où il abonde.

Cliquez içi pour découvrir la phylogénie des proboscidiens !

      La diversité des opinions à l'égard de la phylogénie des éléphants, en général, entre les auteurs et le doute de la validité et l'utilisation des différents noms génériques et spécifiques n'aident pas à définir le cadre évolutif de Mammuthus primigenius.
      Ainsi pour certains auteurs (Trévisan, 1949; David, 1963), cette espèce regroupe deux sous-espèces qui se succèdent dans le temps. La première, de forme archaïque, est attribuée à la sous-espèce Italicus de grande taille et proche de Mammuthus trogontherii, le mammouth des steppes. la seconde, plus évoluée et plus récente est représentée par la sous-espèce Sibericus. Celle-ci dépassait rarement trois mètres de haut.
      Actuellement, même si la discussion reste ouverte, on retiendra que Mammuthus primigenius, stricto sensu, succède directement à Mammuthus intermedius, véritable "chaînon" entre le mammouth des steppes et le mammouth à toison laineuse.

      Mieux connu que ses prédécesseurs, on a retrouvé régulièrement ses cadavres congelés dans les sols de la Sibérie. Grâce à eux, on a pu étudier son anatomie et ses parties molles. Il était doté d'une fourrure épaisse brun roux constituée de long poils dispersés pouvant atteindre un mètre, et d'un sous-poil serré d'une quinzaine de centimètres d'épaisseur.
      Cette toison pendante, sous le ventre de l'animal, le faisait paraître plus grand. Il possédait une bosse graisseuse sur le crâne et une autre sur le garrot.
      Le profil du dos s'inclinait vers l'arrière. La trompe et les oreilles étaient également recouvertes de fourrure tout comme les pattes et la queue qui disposait d'un clapet anal, une sorte de petite glande qui lui servait à éviter les refroidissements intérieurs.

      Le mammouth était ainsi parfaitement adapté au climat froid. Les défenses énormes, chez les vieux mâles, pouvaient atteindre plus de 4.50m de long pour un poids de 120 kg. Elles s'enroulaient en spirale vers le haut et l'extérieur. Elles pouvaient être utilisées pour déblayer la neige.
      Les mammouths mangeaient des herbes (graminées), des fougères et des mousses, des rameaux de saule, d'aulne, de bouleau, etc. on estime à 200 voire 300 kg, la consommation journalière d'un mâle adulte.

      Ils vivaient en grands troupeaux dans des paysages de steppes et de prairies avec des bouquets d'arbres et de fourrés de buissons. Il est très possible qu'ils aient réalisé de grandes migrations saisonnières.
      Si l'homme du Paléolithique a beaucoup côtoyé le mammouth, il ne semble pas, contrairement à tout ce qui a été écrit et représenté, qu'il l'ait réellement chassé, ne disposant pas d'un armement suffisant pour affronter un adversaire de cette taille.

      Il est en revanche très probable que l'homme ait abattu des individus séniles ou très jeunes, ou encore des adultes malades, blessés ou pris dans des pièges naturels.

Crâne de mammouth

Exhumation d' un crâne de mammouth de plus de 300kg. Cette opération nécessite la présence de nombreuses personnes et l' utilisation d' un matériel de levage important.

 

      Le mammouth, qui n'avait guère d'ennemis naturels, connaissait la mort par accident :noyades en masse lors des crues de grands fleuves, enlisements dans les marécages, chutes dans des crevasses ou dans des gouffres (Guérin, 1996).

      Les proboscidiens de Romain la Roche sont représentés par un seul genre : le mammouth (Mammuthus) et par l'espèce intermédiaire (intermedius). C'est la première fois que cette espèce est attestée sur un site préhistorique, ce qui constitue une découverte majeure et inédite au niveau de la Franche -Comté, voire au niveau national et international.

      325 restes osseux de mammouth ont été récoltés dans le site. On les trouve surtout dans les couches VI - VIIb,c et VIIIa. Quelques restes osseux de jeunes individus sont encore présents dans la couche VIIIb par des fragments de molaires, principalement.
      Deux crânes dont un de plus de 300 kg, trois mandibules, six défenses spiralées, 24 molaires appairées et plusieurs dizaines d'éléments post-crâniens extrêmement volumineux, souvent en connexion anatomique et appairés, ont été exhumés dans des conditions souvent difficiles en raison du volume et du poids.

      Parmi les pièces osseuses remarquables, une défense de 3,40m de longueur a été mise au jour. Celle-ci correspond à la plus grande défense de cette espèce découverte en France. En outre, une défense d'un mammoutheau de moins d'un an a également été mise au jour. Elle correspond à une pièce unique au monde. De petite taille, elle mesure 2cm de longueur pour un diamètre de 7mm.

      Les pièces osseuses se rapportant à un même individu sont nombreuses. Le squelette le plus complet est composé de 60% de son ossature.
      La détermination des molaires a été relativement aisée grâce à l'état de conservation satisfaisante et a permis de préciser le nombre d'individus.
      Ainsi, quatorze mammouths semblent s'être piégés naturellement dans l'aven, tombés vraisemblablement par surprise.

      L'étude des proboscidiens a démontré que, pour la première fois, l'espèce Mammuthus intermedius, à savoir le Mammouth intermédiaire, est réellement attestée sur un site préhistorique. Cette espèce avait été définie par Claude Jourdan en 1861 qui signale une molaire découverte dans des lœss anciens dans "la montée des trois artichauts" à Lyon.
      Ce dernier, jamais découvert dans nos régions, constitue un véritable chaînon entre le mammouth des steppes (Mammuthus trogontherii) et le mammouth à toison laineuse (Mammuthus primigenius).

1/ Ce résultat est tout d'abord confirmé par l'étude biométrique des molaires. Ces dernières sont les véritables empreintes "digitales" de l'animal et apportent de nombreux renseignements sur l'espèce, le mode de vie et l'âge d'un individu au moment de sa mort.
      A partir d'observations (épaisseurs, forme et plissotements de la bande d'émail, etc.), de différentes mesures (indice de fréquence laminaire, hauteur et largeur de la dent, etc.) et de calculs (quotient laminaire, rapport longueur-largeur, etc.), il est possible de réaliser une détermination spécifique d'un individu, les critères différant d'une espèce à une autre.
      Ne pouvant entrer dans ce bulletin dans le détail, je ne citerai ici que deux d'entre eux à savoir : l'indice de fréquence laminaire et le quotient laminaire.
      L'indice de fréquence laminaire correspond au nombre de lamelles sur une longueur de 10cm, dans la partie moyenne usagée de la surface. Il est de 5,5 à 6 pour Mammuthus trogontherii, de 7 à 10 pour Mammuthus primigenius alors qu'il est de 6,75 à 8,5 pour Mammuthus intermedius provenant de Romain la Roche.
      Le quotient laminaire s'obtient en divisant la longueur totale de la dent par le nombre total de lamelles. Il donne une idée de l'écartement des lamelles. Il est de 12-18 pour Mammuthus trogontherii, de 9-13 pour Mammuthus primigenius et de 11 à 12 pour Mammuthus intermedius de Romain la Roche.

Molaire de mammouth

Molaire de mammouth vue de dessus. Le double décimètre montre l' échelle. Une molaire est constituée de lamelles d' ivoire recouvertes d' émail. L' ensemble est noyé dans le cément, matière recouvrant l' ivoire de la racine des dents.

 
Schéma d'une molaire de mammouth

Coupe d' une molaire de mammouth avec ses différents constituants.

 

2/ Les nombreux relevés effectués sur des os des membres ont permis également de corroborer ces résultats. Pour exemple, les fémurs d'individus adultes mesurent 1,30m de longueur. Comparées aux mêmes os d'autres espèces de mammouth, ces dimensions s'inscrivent entre les mesures obtenues sur le mammouth des steppes (1,50m pour le plus grand fémur connu au monde) et celles du mammouth à toison laineuse (1.20m pour les plus grands).

3/ Dans la chronologie des mammouths, le mammouth des steppes apparaît vers -850 000 ans et disparaît vers -300 000 ans. Le mammouth à toison laineuse est connu dès -100 000 ans et disparaît vers -10 000 ans. Ce qui constitue un véritable hiatus de 200 000 ans dans l'évolution chronologique des proboscidiens.
La datation uranium/thorium, réalisée dans les couches qui contenaient les restes osseux de Romain la Roche, date le site à moins 150 000 ans à +/- 18 000 soit à la fin de la troisième glaciation du Saalien (Riss) et plus précisément au stade de la Warthe. Cette datation s'inscrit bien dans ce hiatus, c'est à dire entre la disparition de l'éléphant des steppes et l'apparition du mammouth à toison laineuse soit entre -300 000 et -100 000 ans.

      Mammuthus intermedius constitue bien le lien évolutif entre le Mammuthus trogontherii évolué et le Mammuthus primigenius archaïque.
      Ce mammouth intermédiaire, un mètre plus petit que le mammouth des steppes, pouvait atteindre la taille de 4.50m au garrot alors que les mammouths à toison laineuse ne dépassaient pas trois mètres.
      Son environnement est celui d'une steppe froide à graminées, quelques buissons et peu d'arbres.
      Cette découverte importante fera l'objet d'une publication scientifique au cours de cette année 2001.

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